dimanche 15 décembre 2013

GAUCHE (5)

SUPERIORITE DE LA DECISION ASSUMEE SUR DES PRETEXTES D’EXCUSES
Chez les professionnels, dans les familles, les entreprises, les administrations, les gouvernements, beaucoup se défaussent de leurs responsabilités en cas d’erreur ou de faute, mais prétendent toujours que ce sont eux qui ont pris la bonne décision en cas de succès …
Il ne s’agit pas de cultiver la culpabilité, ni de proclamer une responsabilité totale de tous les actes, mais d’afficher une préférence morale pour le choix assumé par rapport à la faiblesse inconsciente ou consciente de prétextes pour justifier d’une décision inexacte, mauvaise, ou même seulement incertaine.
Certes, préalablement à tout acte se situe une décision déterminée en partie par la psychologie du sujet, sa condition économique, son histoire de vie, les modes du temps courant, etc. Néanmoins, il est fondamental de comprendre que c’est le soi qui choisit in fine parmi un éventail de possibilités suggérées par l’anticipation du cerveau, sous les contraintes précitées. Soi, c’est à dire soi-même, en personne, en conscience, en liberté.
Techniquement, dans le processus de décision, je conseille de fragmenter la complexité pour faire simple et clair, sous forme de check-list (liste de vérifications), et d’arbres de décision : Par exemple « Si je fais ceci, alors çà a pour conséquence cela, sinon çà a pour conséquence telle autre chose ». Enchaîner ces règles décision pour aboutir à une conclusion. C’est exactement comme cela que sont construits les programmes informatiques : ils ne sont pas infaillibles, la qualité du résultat dépend de l’exactitude des règles. Rappelons néanmoins que notre civilisation présente est bâtie sur l’informatique, non seulement le matériel (« hardware »), mais surtout le logiciel, les programmes ci-dessus (« software »). Et çà marche plutôt bien, avec beaucoup de réflexion, de vérifications, et de corrections de la part des informaticiens professionnels.

  INCOHERENCE LOGIQUE ENTRE LES ASPIRATIONS COLLECTIVES ET LES RESPONSABILITES INDIVIDUELLES
L’un des exercices les plus difficiles en politique, c’est de faire coïncider les aspirations collectives et la responsabilité individuelle.
Les exemples sont nombreux :
- Chacun aspire à plus d’équipement collectif, mais personne ne veut payer, ni les particuliers ni les entreprises, alors qu’une cohérence logique élémentaire veut que tout le monde comprend parfaitement que les investissements et les frais de fonctionnement coûtent cher, et qu’il faut donc que quelqu’un paie pour cela. Comme tout le monde profite des équipements collectifs, tout le monde devrait logiquement en payer une partie.
- On dénonce l’insécurité, mais personne ne veut financer les effectifs des forces de l’ordre, qui de surcroît ne sont pas aimées et sont mal tolérées par la population.
- On souhaite vivre plus vieux en bonne santé, mais personne ne veut payer pour financer les frais de santé, ni collectivement via les prélèvements sociaux (un impôt), ni personnellement en tout ou partie : cherchez l’erreur, ou plutôt l’incohérence logique.
Un défi pour les chercheurs en science politique, c’est de montrer comment émerge un comportement cohérent et positif au niveau de la démocratie, à partir de programmes individuels proposés par les votants manifestement incohérents logiquement. Car enfin, la démocratie, çà marche ! La 5° République en France n’a connu jusqu’à présent (1960 – 2015) que des présidents et des premiers ministres manifestement compétents, même s’ils ont fini leur mandat impopulaires … Une hypothèse, c’est que l’instinct de survie des votants veuille qu’ils confient leur sort à des personnalités efficaces, même si en privé et en public ils s’autorisent des critiques acerbes.

COMMENCER PAR MAITRISER LES RAISONNEMENTS DE BASE, ELEMENTAIRES, AVANT DE S’AVENTURER DANS LA COMPLEXITE !
En tant que scientifique, je sais fort bien que chaque théorie d’explication du monde a été plus tard dépassée, ou englobée, dans une théorie plus pertinente :
Par exemple, le géocentrisme (la Terre comme centre du monde) platonicien a été tenu pour un dogme par l’église catholique, jusqu’à l’héliocentrisme (la Terre tourne autour du Soleil) de Copernic et de Galilée. Désormais, avec l’astronomie moderne, nous savons que le soleil est une étoile parmi d’autres, qu’il y a d’autres Terres (planètes), qu’il y a des galaxies, des amas de galaxies, des super amas de galaxies, que des trous noirs sont au centre des galaxies elliptiques et spirales.
Autre exemple, la théorie de la gravité de Galilée a été dépassée par celle de Newton, elle même englobée dans celle d’Einstein, et une autre super théorie est attendue dans ce siècle. Il n’empêche que pour les mouvements usuels sur Terre, la théorie de Newton est largement suffisante et précise.
En tant que pédagogue, je me méfie de ceux qui veulent relativiser tous les savoirs, dont les savoirs scientifiques (science dure, médecine, psychologie) sous prétexte que dans 20 ans les scientifiques soutiendront des théories différentes. Attention, ce type de relativisme est la porte d’entrée à la bêtise, à l’analphabétisation, à la manipulation par toute personne mieux renseignée et plus maligne. D’une part, toute théorie dépasse une autre en s’y référant, il faut donc connaître le travail de ses prédécesseurs pour être capable de le dépasser. D’autre part, il vaut mieux une théorie même approximative que pas de théorie du tout !
J’invite donc les personnes qui veulent toujours tout questionner et tout remettre en question (plutôt le travail des autres que leur le plus souvent…) à maîtriser d’abord les bases des raisonnements !

Je prends par un exemple de la théorie des organisations :
En logique cartésienne, on apprend que 1+1=2
Parfois, dans les organisations, il ne sert à rien de recruter du personnel supplémentaire, c’est réorganiser le travail qu’il faudrait. Là, 1+1=1
Dans le travail d’équipe, ce n’est pas la simple addition de talents qui compte, c’est la synergie des compétences. Ici, 1+1=3
Imaginez le désarroi logique des étudiants en théorie de l’organisation qui ne comprendraient pas la logique cartésienne 1+1=2, et qui voudraient appliquer partout le raisonnement 1+1=1 ou 1+1=3 …
Je continue par un exemple de géométrie théorique :
En géométrie cartésienne, 2 droites parallèles ne se coupent jamais et restent à la même distance partout. En géométrie courbe, les parallèles se rejoignent à l’infini. En géométrie hyperbolique, les parallèles s’écartent à l’infini. Or on a besoin de ces 2 dernières géométries mathématiques, découvertes vers la fin du 19° siècle, pour expliquer l’astronomie moderne (expansion de l’univers, etc.)
Imaginez la panique de l’architecte qui, pour bâtir une maison sur Terre, aurait besoin d’apprendre les géométries courbes et hyperboliques, et qui voudrait à tout prix les utiliser !
En conclusion, restons simples, commençons par apprendre les bases de notre temps, et à les maîtriser là où elles sont appropriées, et ne laissons que les plus capables d’entre nous appréhender la complexité. Lorsqu’un travail d’expert est bien fait, il est au moins contrôlable par ses pairs, quelquefois il peut être vulgarisé et transmis au plus grand nombre pour le profit de tous, mais bien souvent il faut du temps pour qu’une théorie nouvelle soit correctement comprise, compréhensible par tous.

MA PROFESSION : CHERCHEUR
Pour tous ceux qui m’auraient mal compris, ma profession, c’est de faire de la recherche, dans plusieurs domaines. Je publie gratuitement sur mes blogs les résultats de mes réflexions. Ceux qui me lisent sont libres d’adhérer à mes conclusions, ou de les rejeter, en tout ou partie, comme toutes les autres théories / philosophies / religions / sciences.
On peut passer toute sa vie sans rien perdre en n’aimant pas la peinture de Pablo Picasso. On n’est pas analphabète si on ne comprends pas la théorie de la relativité d’Einstein, tout en utilisant des objets qui en dépendent : le GPS par exemple. D’ailleurs, si çà peut vous réconforter, moi non plus je n’ai jamais rien compris à une ligne des théories d’Einstein ! Ce qui ne m’empêche pas d’avoir d’autres domaines de compétence, et de gagner ma vie. Autre exemple : j’utilise quotidiennement ma voiture, sans être capable de la réparer si elle tombe en panne, et, à franchement parler, je ne m’y intéresse pas …
La profession de chercheur comble tous mes désirs professionnels, avoués et secrets. Je ne regrette pas du tout mon aventure professionnelle, avec ses avantages et ses inconvénients. Puissiez-vous vous épanouir autant que moi dans votre profession.
Pour mise au point.

LE LIBRE ARBITRE DU DECIDEUR EST UN FACTEUR ESSENTIEL A LA QUALITE DE LA DECISION
Pour moi qui ai une formation de chercheur scientifique, la véritable question n’est pas « est ce que mes théories sont justes ou fausses », mais plus simplement « quel est le domaine de validité (d’application) de mes théories », et surtout « combien de temps seront-elles valables (au bout de combien de temps seront-elles dépassées par des théories plus pertinentes, qui pourront éventuellement avoir été inspirées par mes théories)».
Pour vous qui me lisez, comprenez que toute information (théorie, philosophie, religion, science) dispose d’un certain degré de validité, jamais absolu à 100%, rarement nul à 0%, en tout cas valide certainement à l’époque de sa production par un savant ou un sage, et pertinent dans un domaine plus ou moins large de la vie.
Nota Bene : pour juger du génie ou pas d’une théorie et de son ou ses créateurs, il faut se replacer dans le contexte historique, scientifique, psychologique, le courant des idées de l’époque contemporaine de la théorie et des humains qui l’ont inventé ; La force d’une philosophie / religion, s’est de s’adapter, de se relire, de se réinventer au fur et à mesure de l’histoire des nouvelles idées, bref de se transformer en respectant l’idée de ses créateurs, sans périmer, pour ne pas péricliter.
Concrètement, vous êtes absolument libres d’aimer ou pas, d’être d’accord ou pas avec des argumentations philosophiques ou religieuses, voire scientifiques si vous êtes compétents dans ce champ de connaissance. C’est ce que l’on nomme le libre arbitre. Attention, paradoxalement, pour être vraiment libre, il faut savoir beaucoup, pour être au niveau de critiquer les fondements des théories diverses.
Si bien évidemment vous n’avez pas le temps de connaître une multitude de théories dans différents champs, je vous conseille d’identifier un ou quelques groupes d’experts reconnus dans le domaine, et de leur faire confiance, tout en gardant en tête que vous prenez un risque, souvent relativement petit et peu dangereux, mais quelquefois grave (philosophies pathologiques comme le nazisme, le fascisme, le communisme, auxquelles des masses ont naguère adhéré corps et âmes sincèrement …). Attention danger. Le champ de la connaissance est miné, les dégâts peuvent être graves : dogmes religieux soi-disant indépassables, inquisition, soumission des femmes aux hommes pseudo-justifiée par une inspiration religieuse ou biologique, etc., et la liste des abominations philosophiques n’est pas close pour l’humanité future ; d’autre part, ce qui nous semble évident aujourd’hui sera déjà vieillot, dépassé largement dans ne serait-ce qu’un siècle. Pensez donc à relativiser nos connaissances et notre mode de vie qui en découle …

APPRENEZ A EVALUER UNE ŒUVRE AVANT DE DEMANDER AUX SAVANTS DE LE FAIRE POUR VOUS, OU DE SE REFERER A UNE BIBLIOGRAPHIE DE L’AUTEUR
Pour grandir dans la vie, il faut développer son jugement personnel. Le meilleur moyen, c’est de lire des œuvres (romans, essais philosophiques, manuels) et de se faire sa propre opinion sur les idées exprimées. Ensuite, consultez un savant, un professeur, un(e) ami(e) à vous qui a lu cette oeuvre, un voire plusieurs livres de commentaire de l’œuvre, d’autres livres sur le même sujet, et comparez à votre propre jugement : tout en sachant que parfois c’est vous qui avez raison dans l’absolu, parfois c’est votre ami ou le savant qui a raison.
En ce qui concerne la lecture des bibliographies, elle doit être effectuée en dernier pour ne pas fausser votre analyse, votre raisonnement, votre jugement. En ce qui me concerne, je considère qu’un bon auteur doit savoir s’effacer derrière son œuvre, qu’une bonne œuvre peut être positivement évaluée indépendamment de son auteur. Tout le reste est peopolisation, je ne suis pas intéressé, je n’ai pas le temps de lire des bibliographies, je ne me suis jamais renseigné sur le parcours de vie ou les diplômes des auteurs du millier d’essais que j’ai lu dans ma vie. Je n’en ressens aucun manque, l’œuvre étant la substantifique moelle que veulent transmettre aux autres les auteurs.

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